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20 septembre 2024 - Actualités

Baisse du prix de reprise du verre emballages au T4 2024 : un air de déjà vu

Depuis le début d’année, la filière française de recyclage du verre est à nouveau en crise. Elle fait à nouveau face à une augmentation des stocks, conséquence d'une consommation en berne de boissons embouteillées dans des emballages en verre à l'échelle de l’Europe. Côté collectivités, la collecte se maintient. L'industrie du verre a besoin de moins de quantité de calcin pour produire des bouteilles qu'elle vend moins bien. Le mécanisme de compensation financière hérité de la crise COVID aboutit à une baisse significative du prix de reprise du verre, avec un nouvel impact pour les recettes des collectivités locales. Explications.

Assurer la garantie de reprise du verre, un précédent 

 

En 2020, en pleine pandémie, les collectivités avaient continué dans leur grande majorité la collecte des emballages en verre. Le transfert de la matière vers les différentes plateformes et usines de traitement du verre avait été assuré dans le cadre de la garantie de reprise (option filière). Malgré l’arrêt quasi-total de l'industrie et de la consommation hors foyer du fait des mesures de confinement puis de couvre-feu (fermeture des bars et restaurants), la filière avait maintenu son offre de service aux collectivités locales. 

 

Les verriers avaient notamment investi dans des plateformes de stockage pour gérer les excédents de calcin, le temps que le marché reparte. En 2021, la filière avait développé ses débouchés en investissant de nouveaux marchés dans les pays voisins où la reprise de la consommation de boissons et des emballages en verre d'une manière générale était plus dynamique. La situation s’est finalement redressée à partir de 2022 pour revenir à une situation "normale" en ce début d'année. Les stocks excédentaires de calcin ont été consommés par les verriers et les prix de reprise avaient retrouvé leur niveau d’avant crise jusqu'à augmenter pour atteindre plus de 28 euros la tonne. 

 

Des collectivités indirectement mises à contribution

 

Pendant toute la période de la crise COVID, la filière et les entreprises de ce secteur d'activité ont fait des efforts pour assurer la reprise et chercher des solutions pérennes, ce que tous les acteurs ont unanimement salué. Mais cela n’a pas été sans conséquences financières pour les collectivités locales. Pour prendre en compte les coûts de stockage supportés par les verriers, les acteurs de la filière, CITEO et les associations de collectivité avaient à l'époque travaillé sur une méthode de calcul de révision des prix. La méthodologie consistait à intégrer les coûts de stockage issus des excédents de verre et de les déduire du prix de reprise (coût de référence – coût du surcout en €/tonne). 

 

AMORCE avait dénoncé un mécanisme qui faisait porter les surcoûts uniquement aux collectivités locales. Les charges supplémentaires supportées par les verriers devaient certes être prises en compte, mais l’inaction de CITEO pour compenser ces surcoûts, même partiellement, ou pour compenser les pertes de recettes des collectivités, avait suscité de vives réactions (article du 21 septembre 2021).

 

Une situation à nouveau dégradée : une tendance liée à la conjoncture ou une tendance de fonds ?

 

Quatre ans après, l'histoire se répète. En 2024, au cours du deuxième trimestre, les industriels du verre emballages ont recommencé à stocker du calcin. Le marché de la bouteille en verre est en berne. La consommation de vin s'effondre, provoquant une nouvelle crise de surproduction dans le vignoble français. La consommation de bières est elle aussi en baisse, ce qui traduit des changements de consommation chez les Français qui se tournent vers d'autres boissons, commercialisées dans des emballages... en plastiques. Ces tendances se sont accentuées avec la baisse du pouvoir d’achat des ménages depuis deux ans qui font que les Français, à choisir, limitent leurs consommations de boissons alcoolisées vendues en bouteilles en verre. La baisse de la consommation d'emballages en verre atteint près de 9% en rythme annuel. 

 

Et de nouveau les collectivités locales vont en subir les conséquences. Au quatrième trimestre 2024, la filière annonce l'application d'un prix de reprise à 18,15 € par tonne de verre livrée, à comparer au prix appliqué au T2 2024 (28,36 €) et au T3 2024 (23,71 €). Ces informations sont disponibles sur le site verre-avenir. Le graphique suivant retrace l’historique des prix depuis quatre ans. 

 

Les acteurs de la filière soulignent que cette tendance est européenne. Les autres pays européens ne sont pas épargnés par la crise, ce qui limite le recours à l’exportation pour valoriser les surplus de calcin comme ce fût le cas entre 2021 et 2023. En parallèle, même si les quantités de verre collectées diminuent elles aussi en valeur absolu (-2,5%), les performances de collecte en kg par habitant continuent de progresser, ce dont il faut se féliciter. Mais l'industrie verrière française est incapable de faire face à ce flux et de trouver des débouchés. 

 

En 2020, le mécanisme de « compensation » était né d’une situation de crise exceptionnelle. En 2024, les difficultés de la filière sont davantage liées à une crise structurelle qui menace durablement les équilibres économiques d'une filière de recyclage. AMORCE appelle à une mobilisation de l'ensemble des acteurs pour traiter une situation qui ne va pas se régler facilement et qui menace le premier geste de tri des Français sur un matériau qui affiche les meilleurs résultats en terme de recyclage. AMORCE demande à revoir d'urgence la méthode de calcul des prix de reprise pratiqués pour les collectivités et, d'une manière générale, le mécanisme de soutien pour les emballages en verre. 

 

Contact : André LEGER