Actualité

11 septembre 2024 - Actualités

Plan de paysage : un outil pour une transition énergétique adaptée

Les « plans de paysage » sont des outils stratégiques pour les collectivités qui souhaitent s'engager dans la transition énergétique. Ils donnent une place importante à la concertation des acteurs locaux tout en fournissant un cadre pour construire des projets d’énergies renouvelables fondés sur la connaissance et la spécificité du paysage. À l’occasion de la mise en ligne d’une publication ADEME dédiée, à laquelle AMORCE a contribué, retour sur cette démarche à promouvoir.

La publication « Réaliser la transition énergétique par le paysage » (2024) revient sur les enjeux de la transition énergétique en France et présente comment les plans de paysage peuvent répondre à ces enjeux. AMORCE a contribué à la rédaction de cette publication, pilotée par l'ADEME.

 

Les plans de paysage : qu'est-ce que c'est ?

 

Le plan de paysage est une démarche volontaire et participative qui permet aux collectivités d’intégrer les EnR&R dans leurs territoires de manière harmonieuse et en favorisant l'acceptabilité de ces projets. Cette démarche comprend une méthodologie pour concilier développement énergétique et préservation des paysages, tout en prenant en compte l'identité culturelle et naturelle des territoires.

 

Un plan de paysage comprend :

 

  • Un volet généraliste qui guide les acteurs territoriaux dans l'élaboration de projets variés, allant de la préservation du patrimoine aux enjeux contemporains.

 

  • Un second volet thématique : « Transition énergétique et écologique » qui vise à aider les territoires à renforcer leur résilience et indépendance énergétique, tout en intégrant le développement des énergies renouvelables dans le respect du paysage local. L’ADEME peut apporter son soutien technique pour la réalisation de ce volet.

 

  • Un troisième volet thématique : « Préservation et restauration de la biodiversité ». Ce volet vise à mieux comprendre le territoire à travers ses dynamiques paysagères/écologiques et à questionner le rapport des acteurs au vivant. Des actions combinant gestion des trames, restauration des milieux et intégration de la biodiversité dans les aménagements, sont proposées. L'Office Français de la Biodiversité (OFB) peut apporter son soutien technique pour la réalisation de ce volet.

 

Les clés de réussite des plans de paysage

 

L'implantation d’installations EnR&R peut parfois entrer en conflit avec la préservation des paysages et l'adhésion des populations locales. À titre d'exemple, la filière éolienne est souvent mentionnée pour ses enjeux paysagers (pour en savoir plus, il est possible de consulter le webinaire d'AMORCE sur « les enjeux d’appropriation des parcs éoliens » ou la nouvelle boîte à outils éolien traitant des études d'impact).

 

Les plans de paysage apportent ainsi une solution en intégrant ces projets dans une vision territoriale globale et respectueuse des spécificités locales. Les clés de réussites mises en avant sont les suivantes :

 

  • Identifier le potentiel énergétique des paysages, en tenant compte de leurs spécificités. Le mix énergétique doit être ajusté selon les sensibilités locales, avec l'objectif d'atteindre la part de 42,5% d’EnR&R dans la consommation finale d’énergie d'ici 2030, comme prévu par la directive européenne RED III. De plus, les EnR peuvent enrichir le paysage comme par exemple des ombrières sur des parkings ou un méthaniseur dans un champ agro-industriel.

    À noter : l'outil AMORCE Accel'EnR peut venir en appui pour la réalisation du portrait énergétique de votre territoire.

 

  • Tenir compte des impacts visuels en fonction du type d'EnR. En effet, chaque filière énergétique possède des caractéristiques propres qui influent sur leur intégration dans le paysage. Un plan paysage peut guider ces décisions en respectant toutes les spécificités pour concilier à la fois la production d’énergie et l’harmonie paysagère.

 

  • Ne pas isoler la transition énergétique des autres enjeux territoriaux, tels que l’agriculture, le bâti, le patrimoine naturel, l’économie locale ou la biodiversité. Le succès réside dans l’équilibre entre ces enjeux, trouvé grâce à des compromis et une prise de conscience du potentiel de production d’EnR de son territoire. Pour vous accompagner dans ces choix, vous pouvez consulter le guide "L'élu, la transition énergétique et le climat".

 

  • Favoriser la concertation et la co-construction, indispensables pour les projets EnR&R. Le paysage, élément partagé par tous, offre une base commune de réflexion pour favoriser l’appropriation des sujets techniques, tout en sensibilisant à l’importance du cadre de vie. La transition énergétique, souvent perçue comme complexe et abstraite, devient dès lors plus concrète grâce à l’utilisation de cartes et de plans. Des outils comme  Étape ou le portail cartographique du Cerema, peuvent aider les collectivités dans la spatialisation des EnR&R en permettant de réfléchir collectivement à leur localisation et à l’impact paysager.

    À noter : des plans de paysage ont pu par exemple faciliter l'identification de zones d'accélération.

 

Les plans de paysage sont donc des outils opérationnels non seulement pour légitimer, objectiver et favoriser l'acceptabilité des projets EnR&R, mais aussi pour identifier en amont les zones les plus consensuelles pour leur implantation.

 

Préconisations pour mettre en place la démarche

 

  • L'échelle qui est la plus adaptée est celle de l'intercommunalité, mais en fonction du territoire et des objectifs il est possible de l'envisager au niveau communal, d'un SCoT, d'un département voire d'une région.

 

  • La réalisation d'un plan de paysage est portée par les élus du territoire concerné (EPCI, PNR, syndicat mixte, etc.) et doit se construire en concertation avec l'ensemble des acteurs locaux (citoyens, professionnels, association, etc.)

 

  • Le temps moyen de la démarche est de 12 à 24 mois (souvent réalisée en parallèle d’autres projets d’aménagement du territoire).

 

  • Le processus commence par un diagnostic du territoire, incluant une analyse des paysages existants, des dynamiques écologiques, et des besoins énergétiques. Sur cette base, des objectifs de qualité paysage-énergie sont détaillés, visant à intégrer les EnR&R de manière cohérente avec l’identité du territoire. Enfin, un plan d’actions est mis en place, définissant les modalités d’implantation des infrastructures énergétiques.

 

  • Les aides financières dont peuvent bénéficier les collectivités sont déterminées en fonction des volets des plans de paysage (voir plus haut) : elles varient entre 10 000 € et 60 000 €. En outre, le Fonds vert peut aussi apporter un financement pour une démarche paysagère.

 

  • Les aides et accompagnements techniques sur lesquelles peuvent s’appuyer les collectivités sont : les bureaux d’études et les nombreux retours d’expérience. En tant que collectivité, vous pouvez solliciter l’appui d’un AMO paysage pour vous accompagner dans la réalisation et l’animation tout au long de la démarche d’un plan de paysage. De plus, la publication « réaliser la transition énergétique par le paysage » regroupe de nombreux retours d’expérience détaillés sur lesquels vous appuyer.

 

  • L'animation d'un plan de paysage requiert un investissement de temps de la part des parties prenantes impliquées. Les retours d'expérience montrent que l'engagement humain nécessaire peut parfois constituer un frein à sa mise en œuvre. Toutefois, plusieurs solutions existent pour surmonter cette difficulté, telles que la création d'un comité de suivi, le recours à une Assistance à Maîtrise d'Ouvrage (AMO) spécialisée en paysage, ou encore l'appui du Club Plans de Paysage.

 

AMORCE soutient l’approche des plans de paysage qui met en avant des enjeux essentiels tels que la co-construction, l'acceptabilité et la diversité des projets EnR&R. Ces outils peuvent constituer un socle pour d’autres documents de planification et projets de territoire, grâce à leur approche transversale.

 

AMORCE encourage les collectivités à se doter d'un plan de paysage et reste à disposition de ses adhérents pour tout renseignement complémentaire.

 

Contact : Vincent RIVOLLET