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05 janvier 2023 - Actualités

Délestage électrique : uniquement pour cet hiver ?

L’indépendance électrique de la France n’est plus ce qu’elle était. Les données de RTE montrent une dépendance croissante au réseau électrique européen depuis 2018 et particulièrement en 2022 mettant en péril la souveraineté énergétique française et accentue le risque de délestage. Cette dépendance lie le réseau électrique français aux aléas géopolitiques, climatiques et autres des pays frontaliers exportateurs vers la France dans un contexte géopolitique tendu.

En 2022, les données RTE indiquent que la France a importé plus d’électricité qu’exporté durant 242 jours soit une dépendance au réseau électrique européen à 66% pour sa consommation. Cette dépendance est croissance depuis 2018 et cette hausse s’explique par : 

  • Un vieillissement des centrales nucléaires, contraint à des maintenances retardées par la crise sanitaire mais également par des imprévus lors des conceptions initiales comme la corrosion sous contraintes, faisant douter de la construction des prochains réacteurs.
  • Un faible développement des énergies renouvelables électriques par rapport aux prévisions. En effet, un total de 24,8% d’EnR électrique consommé est relevé pour 2020 contre un objectif de 27% pour cette même année. Le retard se creuse avec un développement d’1GW de puissance renouvelable électrique annuel alors que le rythme devrait être le double.
  • Un retard dans l’ouverture de nouvelle capacité de production nucléaire. La mise en service de l’EPR de Flamanville a été, en 2020, retardée jusqu’au 11 Avril 2024.
  • Une crise climatique poussant à réduire l’impact carbone du secteur de l’énergie et donc de fermer, réduire l’utilisation des centrales fortement carbonée produisant de l’électricité. Ce manque de production électrique n’est pas couvert par un développement des EnR électrique provoquant donc un manque d’électricité interne à la France.

Cette dépendance représente environ 4% de notre consommation, soit 16,5 TWh en 2022.

 

Les pays frontaliers exportant de l’électricité vers la France sont très majoritairement le couple Allemagne-Belgique mais également l’Espagne et le Royaume-Uni. L’Italie et la Suisse sont a contrario importateur d’électricité venant ou transitant par la France. L’importation d’électricité depuis ces pays, ayant pour la plupart une production fortement carboné (charbon ou gaz), devrait remettre en question notre ambition climatique. L’Allemagne et le Royaume-Uni produisent leur électricité avec environ 45% d’énergies fossiles. Ces importations mettent un frein à la lutte contre le changement climatique et celle-ci doit être également intégrée aux échanges internationaux d’énergies et de matières.

 

Notre souveraineté énergétique est mise à mal par cette dépendance au réseau électrique européen pour sa consommation alors que la France se positionnait comme producteur d’électricité bas-carbone pour l’Europe grâce à son parc nucléaire historique. 

 

Nous devons construire une système énergétique résilient afin d’assurer une souveraineté énergétique, à minima pour la consommation française, et sortir de la crise énergétique actuelle. Un bilan de l’hiver ainsi que ces sujets seront abordés durant le colloque Énergie d’AMORCE du 6 Avril prochain.

Les données RTE montrent que la consommation électrique de 2022 a été plus faible de 4% comparée à 2021, ce qui représente 20TWh, malgré une météo plus douce impliquant donc moins de consommation de chauffage et des efforts de sobriété. Ainsi, il est fort à parier que l’année 2023 sera marqué par une hausse de la consommation électrique liée à la continuité de la politique nationale de relance économique post-covid mais également à l’électrification des usages et des conditions climatiques probablement moins clémentes dues aux changements. Pourtant déjà en difficulté en 2022 pour subvenir à nos besoins plus faibles que les années passées, la tension sur le réseau électrique sera accentuée.

 

AMORCE préconise aux collectivités d’anticiper les risques des délestages, pour cet hiver et les prochains, pour construire une résilience des territoires face à ce risque en visitant la page internet AMORCE dédiée et en appliquant les préconisations apportées.

Sur le fond, AMORCE pousse les collectivités et acteurs des territoires à travailler sur les économies d’énergie à travers de la sobriété, des changements de pratiques long-termes et de la rénovation énergétique des bâtiments à travers les très nombreux événements et publications. AMORCE défend une revalorisation des CEE, l’attribution de montants d’aides selon la performance énergétique et climatique des solutions techniques utilisées et bien d’autres idées pour accélérer ces économies d’énergies. 

AMORCE propose pour pallier cette dépendance et ses problèmes associées d’accélérer fortement le développement des EnR électriques à travers des financements tournés vers les collectivités territoriales, actuellement en manque de financement dû à cette même crise énergétique. Ces financements issus de la Contribution Climat Énergie (CCE) permettront de faire émerger des projets de production électriques diffus sur l’ensemble du territoire afin de soulager le réseau électrique. 

AMORCE appelle, à chaque fois que cela est possible, de basculer vers la chaleur renouvelable pour les usages adéquates, car fortement moins carbonée, produisant des emplois locaux et allégeant la dépendance au réseau électrique.

 

Contact : Aodrenn Girard