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02 août 2023 - Actualités

Protoxyde d'azote : AMORCE alerte de nouveau sur les dégâts causés dans les installations de traitement de déchets

Dans un courrier adressé à la DGPR, AMORCE s’est jointe à ses partenaires (FEDENE, FNADE, SVDU) pour lancer une nouvelle alerte sur les bouteilles de protoxyde d'azote. Ces bouteilles font peser des risques importants sur les installations de traitement, et particulièrement les unités de valorisation énergétique (UVE). Les opérateurs voient toujours arriver des quantités très importantes de bouteilles de protoxyde d’azote depuis plus de deux ans et demi. Des mesures sont à prendre de toute urgence.

Les bouteilles de protoxyde d'azote sont des déchets dangereux qui nécessitent une collecte et un traitement spécifiques. En arrivant dans des installations de traitement de déchets non dangereux, ils provoquent des dommages considérables, en particulier au sein des UVE/ Ces bouteilles explosent dans les fours, ce qui met en danger la sécurité des personnels et fragilise les installations. 

 

Le protoxyde d’azote, également connu sous les noms de « gaz hilarant » ou « proto », est un gaz couramment utilisé dans la restauration (dans des cartouches pour siphon à chantilly notamment), les aérosols d’air sec ou les bonbonnes utilisées en médecine et dans l’industrie. Détourné de son usage initial, ce gaz est surtout utilisé comme une drogue de substitution. En inhalant, ses consommateurs recherchent un effet euphorisant et des « distorsions sensorielles ». 

 

Cet usage présente d'abord un risque immédiat sur la santé : ses consommateurs court le risque d'une asphyxie par manque d’oxygène, des pertes de connaissance, des brûlures par le froid du gaz expulsé, une désorientation, des vertiges, des chutes comme l’explique la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Mais au-delà du risque sanitaire, la pression du protoxyde d’azote dans les bouteilles, dix fois supérieure à celle des bouteilles de gaz classiques, entraîne des explosions violentes et des dégâts lourds lorsqu’elles se retrouvent introduites dans les fours à haute température. Les cartouches de protoxyde d’azote sont également reconnues pour être à l’origine de départs de feu dans les installations de traitement ou de stockage de déchets en raison de leur présence indue parmi d’autres déchets comme le précise un rapport ministériel sur la réduction de l’accidentologie relative au secteur de la gestion des déchets.

 

Ces incidents ont également des conséquences organisationnelles et financières considérables tels que :

  • des arrêts de fours inopinés entrainant une perte d’exploitation (150 k€ en moyenne),
  • des dégâts sur des grilles de four nécessitant des travaux pouvant coûter de 150 à 500 k€ par explosion,
  • des perturbations sur le service d’approvisionnement en énergie des usagers raccordés au réseau de chaleur. 

 

La quantité de protoxyde d’azote reçue dans ces centres de traitement ne cesse d’augmenter, comme le met en évidence la FEDENE, qui a recensé 25 tonnes de bouteilles réceptionnées en 2022 contre 11 tonnes en 2021 chez l’un de ces adhérents. Le SIOM de la Vallée de Chevreuse, qui a récemment alerté sur les problématiques rencontrées sur son site de Villejust, a partagé aux adhérents d’AMORCE, en vue d’une diffusion élargie, un film explicatif visant à sensibiliser (notamment les jeunes) au problème sanitaire et aux risques liés à la sécurité du site (cf. Film de sensibilisation SIOM). 

 

Il est urgent d’encadrer la gestion de ces déchets. AMORCE et ses partenaires demandent, en plus de limiter la mise sur le marché des bouteilles de protoxyde d'azote qui ne règlera pas le sujet du stock, l’instauration d’un système de consigne en vigueur aux Pays-Bas. Ces mesures sont indispensables et sont à instaurer dans les plus brefs délais de façon à préserver la sécurité des personnes et des installations.

 

AMORCE défend également, auprès de la DGPR et dans le groupe de travail que Citeo propose de mettre en place en septembre 2023, le besoin d’un soutien financier aux collectivités qui assurent la collecte séparée et le traitement de ces bouteilles. 

 

En l'état actuel de la situation et de la gravité des incidents, la FEDENE, la FNADE, le SVDU et AMORCE sollicitent un rendez-vous avec le ministère à ce sujet.

 

Pour aller plus loin, AMORCE avait publié la note « Incidents du fait de cartouches de protoxyde d’azote : Qui est responsable ? », publiée en mai 2022, à consulter. 

 

Contact : Léna SAMBE