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05 juin 2023 - Actualités

L'ADEME le confirme : les emballages en plastiques compostables... ne le sont pas forcément

Les réglementations française et européenne ont fixé des objectifs de réduction, réemploi et recyclage des emballages en plastique pour limiter la pollution liée à la fuite et l’abandon des plastiques dans l’environnement. Les emballages en plastique compostables sont régulièrement cités comme une solution à cette pollution plastique. L’ADEME s’est penchée sur ces nouveaux emballages et elle remet en cause leur intérêt.

Ce qu’il faut retenir de l’avis de l’ADEME :

 

  • Un plastique, compostable, biosourcé ou biodégradable, reste un plastique.
  • Le terme « compostable » traduit une aptitude à se biodégrader dans un milieu dit « de compostage » dans des conditions et exigences inscrites dans les normes en vigueur et non une aptitude à se biodégrader directement dans l’environnement. La loi AGEC précise que seul le respect de la norme NF T 51-800 « compostable en milieu domestique » autorise la mention « compostable » sur un produit. Cette mention ne garantit pas qu’un emballage abandonné dans le milieu naturel se biodégrade suffisamment vite dans l’environnement pour ne pas générer d’impacts sur les écosystèmes.
  • Le respect des normes de compostage ne garantit pas l’aptitude de cet emballage à se dégrader en méthanisation.
  • Mêmes si ces emballages répondent aux normes en vigueur, ils ne doivent pas être considérés comme une solution à la pollution générée par les plastiques dans l’environnement.
  • Les plastiques compostables sont conçus pour une fin de vie via un traitement biologique. Or, l’impact des résidus de plastiques dans les matières fertilisantes n’est à ce jour pas connu.
  • Le compostage d’un emballage plastique compostable ne peut pas être considéré comme du recyclage. La matière se transforme majoritairement en CO2 et ne peut pas être remise en usage pour fabriquer un nouveau produit. Il n’a également pas de valeur agronomique intrinsèque. D’après l’ADEME, le compostage de plastique compostable peut donc être considéré comme un mode d'élimination (selon la hiérarchie des modes de traitement).
  • Les emballages en plastique compostable atteignent rarement une plateforme de compostage. Dans la pratique, ces emballages sont généralement retirés en amont du process de valorisation organique, par précaution. En effet, les emballages en plastique compostable et non compostable ne peuvent pas être différenciés. Ils sont donc incinérés ou enfouis. Ils peuvent également être jetés dans le bac de tri par les ménages. En centre de tri, ces emballages sont soit écartés du flux recyclables et traités avec les autres refus (par incinération ou enfouissement), soit traités comme un recyclable. Dans ce cas, ces emballages contaminent les flux dans lesquels ils sont incorporés, ce qui pourrait devenir problématique si les quantités deviennent importantes.
  • L’ADEME identifie un seul intérêt pour ce type d’emballages. Il peut faciliter la collecte et augmenter les quantités de biodéchets collectées en vue de leur valorisation par compostage ou méthanisation, sans perturber les filières de traitement des déchets. Les sacs de collecte des déchets de cuisine et de table seraient les seuls emballages en plastique compostable répondant à ces critères, avec les dosettes de café (autorisés par l’arrêté du 15 mars 2022).

 

En conclusion, l’ADEME recommande de jeter l’emballage en plastique « compostable » ou « biodégradable » dans le bac de tri des emballages ménagers plutôt que dans le flux destiné au compostage.

 

Sur ce point, AMORCE s’interroge sur la pertinence de maintenir sur le marché des emballages orientés dans le bac de tri et qui sont considérés comme des refus de tri. S’il est quasi certain qu’un emballage en plastique « compostable » ne sera jamais traité sur une installation de compostage, il conviendrait également de supprimer cette mention qui risque de perdre les consommateurs. 

 

AMORCE, rejoint l'ADEME et, demande, pour les emballages plastiques compostables collectés avec des biodéchets et traités en filières de valorisation organique, de renforcer les normes de spécifications sur le compostage pour assurer la biodégradabilité réelle et totale avant épandage sur les sols. Les pouvoirs publics doivent définir des normes de spécifications propres à la dégradation de ces emballages en méthanisation, pour éviter que ces emballages ne perturbent les processus de traitement. Le code rural doit également évoluer pour prendre en compte l’évaluation de l’innocuité du retour au sol des résidus des plastiques compostables.

 

Cet avis rejoint les réserves déjà émises par l’ADEME en 2019 sur l’impact environnemental des sacs pour fruits et légumes (qui a montré qu’en conditions réelles, la biodégradation totale n’est pas observée dans les temps limites des normes) et par l’ANSES en 2022 qui préconise de ne mettre aucune matière plastique, même libellée « biodégradable » et/ou « compostable » dans les composteurs domestiques et collectifs.

 

Les enjeux du retour au sol des composts produits à partir de biodéchets seront abordés lors du colloque Déchets AMORCE « Tri à la source des biodéchets : le pari 2024 ? » le mardi 27 juin 2023 à Paris. Il est encore temps de vous inscrire !

 

Contact : Coline BLANCHARD-MULLER