Coronavirus et gestion des déchets : état des lieux au 30 mars 2020

Les résultats de notre enquête au 30 mars (185 collectivités pour 27 millions d'habitants) sont le suivants : 

Sur les déchèteries :

73% des déchèteries sont totalement fermées, 23% partiellement fermées (apport pro et services techniques), 4% ouvertes. Augmentation des ouvertures partielles par rapport au 23 mars : 23% contre 13%. 
 

Les déchèteries qui ont maintenu leurs activités attestent de la suspension des enlèvements des déchets sous REP : mobilier (49%), piles et accumulateurs (41%), DEEE (34%), DDS (22%).
 

Sur les collectes séparées : 
 

Taux de suspension des collectes au porte à porte ou en apport volontaire : 

• 7% des collectes du verre,
• 26% des collectes d'emballages ou multimatériaux,
• 30% des collectes de papiers-graphiques-fibreux,
• 62% des collectes de déchets verts, 75% des collectes d'encombrants.
   

Les raisons principales avancées pour les suspensions de collecte sont : 

• service non prioritaire en très forte hausse par rapport au 23 mars : 66% contre 18%
• protection du personnel :41% (contre 35% au 23 mars),
• absence d'exutoire/débouchés : 35%,
• absentéisme, en hausse par rapport au 23 mars : 24% contre 18%
• Seule 3% de suspension de collectes sont liées à une rupture de fournitures, matériels, consommables indispensables à l'activité ou de prestations d'entretien des véhicules. 
   

Les prévisions des collectivités sont plutôt en faveur d'une stabilité de leur dispositif sur la semaine à venir sauf évènement. 
 

Sur la gestion des OMR : 
 

100% de maintien des collectes OMR. 
 

40% des répondants  ne prévoient aucune évolution, 38% prévoient des EPI supplémentaires (masque ou autre), 24% envisagent des réductions de la fréquence de collecte, 22% prévoient une réduction du nombre d'agents en collecte, 17% une réduction du nombre de ripeurs en cabine lors des haut-le-pied.

Le taux d'absentéisme du personnel de collecte serait de 18,5% en moyenne (avec des disparités) contre 11,1 % en taux moyen de référence déclaré. 70% des répondants constatent que ce taux d'absentéisme est constant sur les quinze derniers jours, 25% qu'il augmente, et 5% qu'il augmente fortement. 

Sur les centres de tri (échantillon : 113 centres de tri) : 
 

49 % des centres de tri ont suspendu leurs activités, 10 % fonctionnent en marche dégradée (réduction du débit de tri,  réduction des postes, arrêt de chaîne partielle, tri de corps plats uniquement,...). 41 % fonctionnent normalement contre 58%  en fonctionnement normal au 23 mars. 

Certains centres de tri rencontrent des difficultés à l'enlèvement des matériaux triés, en particulier pour le gros de magasin (1/3 des répondants), les journaux, revues, magazines (près d'1/4 des répondants) et l'acier (plus d'un quart). 
 

Peu d'évolution (reprise ou suspension) à attendre durant la prochaine semaine sauf évènement.

Sur le compostage, les déchets verts et les biodéchets (50 plateformes)
 

62% des plateformes de compostage/méthanisation sont en fonctionnement. 38% des plateformes et unités sont arrêtées. 
 

 Les principales raisons de l'arrêt de ces activités sont :

• l'arrêt en amont des activités des déchèteries, entrainant un manque d'apports de déchets verts, et/ou structurant (45%),
• activité non prioritaire (33%)
• en lien avec questions sanitaires (19%).

Sur les TMB Methanisation OMR (13 unités - échantillon faible)
 

70% des unités sont en fonctionnement. 30% des plateformes et unités sont arrêtées.

Les principales raisons de l'arrêt de ces activités sont à 75% d’ordre sanitaire (de plus en plus de gants et mouchoirs retrouvés dans les OMR, accroissement des risques sanitaires pour les agents qui manquent d’équipements).

Sur les unités de valorisation énergétique (39 UVE répondant) 
 

72% des maitres d’ouvrage d’UVE estiment pouvoir accueillir (sans contrainte technique), l’éventuel surplus de déchets ménagers liés à la crise sanitaire (mais 10% estiment être bloqués administrativement). 
 

43% des unités accueillent déjà des déchets non ultimes liés notamment à l'arrêt de certaines collectes.

Les contraintes rencontrées pour le bon fonctionnement des installations:  l'absentéisme du personnel (25%), le report obligatoire de l'arrêt technique (22%), et le manque d'EPI (masques, gel) (15%), mais aussi vide de four (résultant par exemple de l'arrêt des apports de déchèteries, de la réduction de DAE,...) et évolution des caractéristiques du gisement incinéré (PCI plus haut).

Sur les installations de stockage des déchets non dangereux (25 ISDND répondant échantillon faible) :
 

47 % des maîtres d'ouvrage d'ISDND ont des capacités pour accueillir les tonnages supplémentaires mais 16% bloqué administrativement.
 

7% reçoivent déjà des déchets non ultimes résultant de l'arrêt de certaines collectes. 
 

Les contraintes sont moins marquées pour le fonctionnement des ISDND que pour les UVE. Toutefois, un manque d'EPI (masques, gel) et des défections dans les entreprises de travaux et de sous-traitance sont remontés. 
 

Concernant l'absentéisme dans les installations de valorisation et traitement : 

Au regard des éléments communiqués par les collectivités, nous avons étudié l'évolution du taux d'absentéisme relevé sur les 15 derniers jours, par type d'activité .
Il en ressort que : 

• pour les plateformes de compostage et de méthanisation (biodéchets, déchets verts) :  82% des répondants constatent un taux d'absentéisme relativement constant sous les 15 derniers jours; et 18% relèvent une augmentation du taux d'absentéisme.
• pour les unités de TMB :  78% des répondants constatent un taux d'absentéisme relativement constant sous les 15 derniers jours; et 22% relèvent une augmentation du taux d'absentéisme.
• pour les UVE : 77% des répondants constatent un taux d'absentéisme relativement constant sous les 15 derniers jours; et 23% relèvent une augmentation de ce taux d'absentéisme.
• pour les ISDND : 88% des répondants constatent un taux d'absentéisme relativement constant sous les 15 derniers jours; et 12% relèvent une augmentation de ce taux d'absentéisme.

Cet état des lieux,  qui fait suite à notre première enquête publiée le 23 mars, sera renouvelé régulièrement.

Contacts: Christelle RIVIERE, Océane RASE-POURCHON, Delphine HERVIER et Alban BONNARD