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14 février 2020 - Actualités

Quels leviers d'actions contre les micropolluants des pratiques d'hygiène et de soins ?

Les micropolluants, ces substances chimiques toxiques pour les milieux aquatiques même à de très faibles concentrations, proviennent de l’utilisation d’une très large variété de produits y compris ceux du quotidien. Si des évolutions des pratiques de soins et d’hygiène des établissements de santé sont nécessaires, les collectivités peuvent également agir à plusieurs niveaux sur les eaux usées domestiques pour réduire l'impact sur le milieu aquatique et lutter contre l'antibiorésistance.

Les conclusions communes à tous les projets du dispositif « Micropolluants des eaux urbaines », soutenus par l’AFB et les agences de l’eau, sont notamment :

  • D’une part que, dans les eaux usées, les biocides et les détergents sont présents en quantités largement supérieures aux résidus médicamenteux. Ils sont pourtant au moins aussi inquiétants en termes de pollution et de contribution au déploiement de l'antibiorésistance mais présentent un avantage majeur : il existe des solutions préventives permettant d’en réduire notablement la consommation ;
  • D’autre part qu’au sein des agglomérations, les effluents hospitaliers ne sont probablement pas les plus gros contributeurs de détergents et biocides rejetés au milieu aquatique. C’est aussi le cas de la plupart des résidus médicamenteux (exception faite de substances comme les produits de contrastes ou les anti-cancéreux). Ainsi, du point de vue des détergents et biocides, il n’y a pas lieu de traiter la totalité des effluents hospitaliers dans des stations d’épuration dédiées. Cela n’empêche pas de collecter et traiter spécifiquement certains flux comme c’est déjà le cas pour l’iode radioactif ;
  • Enfin, que les rejets des réseaux pluviaux séparatifs sont presque aussi chargés en détergents et biocides que les eaux usées en sortie de STEU (traitement classique, sans filière poussée) du fait de mauvais raccordements, de l’usage excessif d’anti mousse sur les toitures, de rejets directs dans les grilles pluviales, etc.

 

Si des évolutions des pratiques de soins et d’hygiène des établissements de santé sont nécessaires, les collectivités peuvent également agir à plusieurs niveaux :

  • En amont du réseau d’assainissement, par exemple en renforçant la police des réseaux et en contrôlant les effluents non domestiques connectés, en encourageant les changements de pratiques domestiques comme les « Familles Eau défi » du projet REGARD sur Bordeaux ou du projet « LUMIEAU-STRA » de Strasbourg, en privilégiant l’infiltration à la source des eaux pluviales, etc. ;
  • En s’assurant que les eaux usées sont bien acheminées en station d’épuration, grâce à la réduction des mauvais raccordements et l’amélioration de la gestion par temps de pluie ;
  • En évaluant l’impact de son système d’assainissement, notamment en complémentant les mesures physico-chimiques par des bioessais ;
  • En questionnant l’adéquation du traitement de ses effluents avec la sensibilité du milieu récepteur (ex : zone de baignade, zone conchylicole, prise d’eau aval…) et en envisageant si nécessaire des solutions de traitement poussé.

 

Les collectivités peuvent également être vertueuses dans leur propres pratiques d’hygiène, en évitant comme pour les hôpitaux de sur-désinfecter les bâtiments publics à commencer par les crèches ou encore les écoles car l’action des produits désinfectants est limitée à 2h30 maximum. Mieux vaut recourir à des techniques mécaniques (ex : machine à brosses), thermique (ex : désinfection à la vapeur) ou des produits naturels (ex : le vinaigre est un bon biocide qui se dégrade rapidement) et adapter le niveau de désinfection au besoin (moindre dans les bureaux par exemple).