22 décembre 2025 - Communiqué de presse
Protection des captages : les collectivités s’inquiètent d’un manque d’ambition et de moyens pour résoudre les captages prioritaires et sensibles
Les négociations en cours, depuis mars 2025, au sein du « Groupe national captages », lancé par le gouvernement dans le cadre de la Feuille de Route Nationale sur la protection des captages face aux pollutions, peinent à avancer. AMORCE appelle à la mobilisation générale des acteurs concernés et à un dialogue renforcé, en particulier avec le monde agricole, afin d’éviter, d’ici 10 ans, d’exposer les populations à un risque sanitaire majeur, et la fermeture de nombreux captages d’eau potable.
Pollutions de l’eau en captage en France : un état des lieux alarmant
La France compte 33000 captages d’eau potable, dont environ un tiers est aujourd’hui affecté par des pollutions. Depuis 2013, 1150 captages ont été déclarés « prioritaires », rencontrant des dépassements répétés des valeurs limites sur certaines pollutions d’origine agricoles. Un chiffre qui est resté stable au fil du temps témoignant du manque de moyens portés aux mesures préventives pour réduire la présence de ces pollutions dans nos ressources. A ce jour, presque aucune résorption des pollutions ne s’est concrétisée.Si la question du traitement devra se poser, elle présente des couts exorbitants et ne constitue pas une solution à long terme.
Plus encore, les sources de pollution se multiplient. Les trois quarts des dépassements constatés sont liés à des pesticides et leurs métabolites. Mais, un quart des captages dépasse les normes de qualité pour diverses substances d’origine industrielle tels que le chrome, l’arsenic, le brome, les HAP, etc. Enfin, de plus en plus de dépassements sont dus à la présence de PFAS.
Alors que les négociations dans le cadre du groupe national captage restent au point mort, les collectivités en charge des services publics d’eau et d’assainissement tirent la sonnette d’alarme face au risque désormais bien réel de perte de potabilité de nombreux captages, en l’absence d’un plan d’ampleur de résorption des captages menacés.
AMORCE appelle à la mise en œuvre d’un plan ambitieux de résorption des captages menacés.
Pour éviter une crise majeure, il est urgent :
- De fixer un objectif national ambitieux de résorption des captages dont les valeurs limites de pollution dépassent les normes de potabilité, décliné par région sous la responsabilité des préfets et intégré aux documents de planification de la politique de l’eau, en visant une réduction de moitié d’ici 10 ans.
- De fixer des critères minimums, pour toutes les pollutions, de qualification d’un captage comme « sensible » et « prioritaire », déclenchant ainsi la définition d’une aire d’alimentation de captage par arrêté préfectoral.
- Dans les territoires concernés, la mise en place obligatoire d’une instance multi-acteurs chargée d’établir un plan d’action volontaire pouvant aller jusqu’à la contrainte réglementaire pour les captages dits « prioritaires », validé par le préfet, animé par les collectivités en charge de la distribution d’eau.
- De définir, en concertation avec les acteurs concernés, un plan d’urgence pour le financement de la lutte contre ces pollutions, incluant des mesures préventives et curatives.
AMORCE estime que le coût annuel de la gestion des pollutions en captage s’élève à plus de 2,5 milliards d’euros : 400 millions d’euros par an pour la gestion curative des non-conformités liées aux pesticides, 1,13 milliard d’euros par an pour le traitement de l’eau potable polluées par les PFAS, 1,1 milliard d’euros par an pour accompagner les changements de pratiques agricoles autour des captages sensibles.
Surtout, il est temps que les multinationales à l’origine des process ou produits polluants, et dont les résultats financiers permettent largement l’application du principe pollueur-payeur, financent ce plan d’urgence, plutôt que cette charge ne repose uniquement sur les populations.
Contact presse : Julia Ingrassia – jingrassia@amorce.asso.fr - 04 81 91 84 66