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30 mars 2020 - Actualités

Les services d'eau et d'assainissement à l'heure du COVID-19

Depuis l'annonce du confinement le 17 mars 2020, les services d'eau et assainissement ont mis en place leur Plan de Continuité d'Activité et doivent en permanence s'adapter aux nouvelles connaissances sur le virus et aux aléas du service. Voici, en ce début de troisième semaine de confinement, un point d'étape sur ce qu'il faut retenir.

Plan de continuité des activités 

Les PCA doivent maintenant être opérationnels : n'hésitez pas à partager le vôtre sur la liste de discussions eau, comme l'a fait Vichy Communauté.

Pour l’élaborer, vous avez dû prioriser les tâches indispensables aux services afin de maintenir l'essentiel en terme de sécurité sanitaire des usagers comme du personnel et de performance environnementale. Parmi les tâches essentielles souvent retenues, on peut citer par exemple pour l’assainissement : le traitement des EU, le maintien en fonctionnement des pompages réseaux, le désengorgement des réseaux et la réparation des casses importantes, l'autosurveillance...

Il peut aussi découler de ce PCA de nouvelles procédures : par exemple, à Roannaise de l'Eau, chaque agent intervient avec un véhicule individuel pour respecter les règles de distanciation ou au CD 93 les agents en service pour les curages d’urgence restent chez eux depuis la deuxième semaine de confinement au lieu d’attendre les appels depuis les locaux techniques.

Il est également indispensable de prévoir dans votre PCA des solutions en cas de forte augmentation de l'absentéisme (du fait de l'augmentation du nombre de malades) et donc de ménager le personnel en limitant leurs actions aux missions vraiment prioritaires. Par exemple, dans la mesure où la facturation peut se faire sur la base d’estimation, il n’est peut-être pas opportun de mobiliser plusieurs personnes sur une relève manuelle de compteurs même si elles disposent des EPI adéquats.

Enfin, il est important de connaitre les conditions de continuité d’activité de vos sous-traitants et fournisseurs. Au sujet des réactifs notamment, le MTES a dû vous demander via vos DDT de ne pas réaliser de sur-stock pour ne pas créer de pénuries - la vigilance reste toutefois de mise.

Cette crise sanitaire remet aussi en cause de nombreux liens contractuels avec vos partenaires : AMORCE organise un webinaire dédié aux conséquences juridiques ce mardi 7 avril 2020, n’hésitez pas à nous poser vos questions au préalable en envoyant un mail à Florent Cosnier (fcosnier@amorce.asso.fr).

Spécificité des services d'eau potable

Lors des premiers jours du confinement, il a fallu rassurer les consommateurs sur la potabilité de l'eau du robinet; A ce propos on peut noter la belle initiative "Coronavirus : boire l’eau du robinet c’est préserver sa santé et son porte-monnaie" de la CLCV, engagée par ailleurs avec AMORCE dans des démarches de promotion de l'eau du robinet. À ce stade, les communications des services de santé vont toutes dans le même sens : l'eau du robinet est potable grâce aux désinfections usuelles mises en œuvre (chloration, UV...). La vigilance sur le maintien des performances est plus que jamais de mise mais il n'y a pas de recommandations spécifiques pour renforcer les traitements existants. 

De plus, d’après des infos du MTES, il semble que les laboratoires en charge du contrôle sanitaire de l’ARS sont bien en activité. N’hésitez pas à nous faire remonter toutes difficultés sur ce sujet.

Pour les EPI, les agents « eau potable » ne sont exposés que du fait de la proximité avec leurs collègues et de leurs déplacements. On reste donc sur les EPI et préconisations habituels dans le cadre de leurs missions, renforcés des mesures barrières en vigueur pour l'ensemble de la population (lavage de mains, distanciation...).

Spécificité des services d’assainissement

Actuellement, bien que non avérée, la contamination des eaux usées par le COVID-19 via les selles des malades est jugée possible. Une incertitude existe également sur la durée de vie du virus, estimée de quelques heures à plusieurs jours. Les activités potentielles les plus exposées seraient les phases d’aérosol.

Il est important de rappeler que la présence de virus et de bactéries est déjà un risque inhérent aux activités assainissement. Les mesures de protection habituelles (cf note INRS) restent donc la norme et ne sont pas spécialement renforcées. Toutefois, la pénurie nationale de masques FFP2 peut, sur la durée, impacter les services (les besoins du monde de l’assainissement ont été estimés à environ 90 000 masques par semaine). Ici encore, n'hésitez pas à nous remonter vos difficultés.

Autosurveillance : Si l’ordonnance du 25 mars 2020 a supprimé un certain nombre d’obligations, son article 9 dispose qu’un décret déterminera les obligations qui restent en vigueur « pour des motifs de protection […] de la salubrité publique, de préservation de l'environnement ». La DEB élabore actuellement ce décret qui devrait être publié très prochainement et réintroduira vraisemblablement une grosse partie des obligations d’autosurveillance. Nous vous tiendrons informés dès la parution de ce décret.

Boues d’épuration : saisie en urgence, l'ANSES a rendu une note le 30 mars 2020 sur les risques de propagation du COVID-19 en cas de valorisation agronomique des boues. Elle recommande de ne pas épandre les boues non hygiénisées. Retrouvez l’analyse détaillée de ce texte et de ses conséquences dans une actualité dédiée sur notre site internet.