03 avril 2020 - Actualités
COVID-19 : la circulaire sur les boues de STEU enfin publiée !
Publié officiellement le 2 avril 2020, l’avis de l’ANSES a largement inspiré la circulaire interministérielle (MTES et MAA) du même jour à destination des préfets. En interdisant l’épandage des boues d’épuration non hygiénisées produites après le début de l’épidémie, cette circulaire confirme les alertes que nous vous lancions dès le début de la semaine et induit de grands bouleversements pour les services d’assainissement notamment en zones rurales.
Pas d’épandage de boues insuffisamment hygiénisées produites après le début de l’épidémie
Une des avancées de la circulaire du 2 avril est de donner, en annexe 1 et département par département, une date d’entrée en zone d’exposition à risques qui marque la date à partir de laquelle les boues insuffisamment hygiénisées ne sont plus épandables en l’état. Cette date se situe entre le 13 et le 24 mars (sauf la Guyanne et Mayotte encore épargnés).
A noter, l’annexe 2 indique que le « stockage des boues de STEU ne peut constituer une solution face à l’impossibilité à épandre ». Il est donc indispensable de trouver une solution alternative pour ces boues insuffisamment hygiénisées.
Épandage des boues hygiénisées possible à condition de prendre des mesures renforcées
Comme pressenti depuis le début de la semaine et les premières fuites sur l’avis de l’ANSES, seules quatre solutions sont jugées suffisantes (sur des critères de pH, température et durée) pour assurer le retour au sol des boues d’épuration :
- le compostage, modulo un suivi des températures et des retournements ;
- l’épandage avec chaulage, modulo un suivi du pH ;
- le séchage thermique, modulo un suivi des températures ;
- la digestion anaérobie thermophile, modulo un suivi des températures.
Dans tous les cas, la circulaire demande un doublement des analyses microbiologiques prévues à l’article 16 de l’arrêté du 8 janvier 1998 et notamment celles de la surveillance des coliformes thermotolérants (E. coli).
Pour les collectivités dont la destination habituelle des boues fait déjà partie de ces quatre solutions, elles peuvent également rencontrer des difficultés :
- Certaines plateformes de compostage rencontrent des difficultés à s’alimenter en déchets verts – la circulaire renvoie très clairement la balle dans le camp des collectivités sur la question de la collecte et même de la production de déchets verts, sans tenir compte des difficultés en termes de protection du personnel dans les déchetteries ou dans le services espaces verts.
- Plusieurs laboratoires ou des sociétés de transport (pour acheminer les échantillons) sont fermés ou tournent au ralenti et il peut être difficile de trouver une solution rapidement pour réaliser les mesures demandées.
Boues insuffisamment hygiénisées : la mise en œuvre d’une solution de secours
Pour toutes les autres boues produites après la date de passage en épidémie retenue par département, il faut trouver très vite une alternative. La circulaire donne quelques pistes en annexe 2, comme :
Sur place :
- Seule la déshydratation avec une unité mobile et le chaulage est citée
- Certains adhérents ont évoqué les géotubes mais cette solution nécessite un peu de terrassement.
Sur un autre site:
- l’envoi vers une autre STEU équipée d’un traitement hygiénisant, en rappelant :
- que le dépotage en tête de STEU des boues n'étant pas un mélange au sens de l’article R211-29 du Code de l'environnement, il peut être réalisé sans autorisation préfectorale. Toutefois, un porter à connaissance des services instructeurs de toute modification substantielle est toujours recommandée.
- que l’apport de boues directement sur la file boues d’une autre STEU étant considéré comme un mélange de boues, il est soumis à une autorisation préfectorale dérogatoire au titre de ce même article R211-29 du Code de l'environnement ;
- l’incinération, des modifications des arrêtés d’exploitation devant parfois être sollicitées pour disposer de place supplémentaire.
Dans les faits, ces solutions peuvent s’avérer complexe à mettre en œuvre pour diverses raisons :
- la difficulté à trouver des prestataires disposant d'EPI adaptés pour leur personnel afin de transporter les boues dans des bonnes conditions de sécurité sanitaire ;
- Le manque de place dans les fours d’incinération et les problèmes de manque de déchets verts des plateformes de compostage
On peut espérer que les DDTM et DREAL réalisent des instructions rapides et bienveillantes des différents "porter à connaissance" et demandes d’autorisation préfectorale qui leur seront soumis dans les prochains jours.
AMORCE regrette que les solutions d'injection des boues directement dans le sols avec recouverture immédiate n’aient pas été retenues par l'ANSES. Nous vous invitons à nous faire remonter vos difficultés dans le questionnaire dédié dont nous envoyons une synthèse au MTES tous les deux jours. Vous pouvez également partagez vos questionnements et vos solutions via la liste de discussion EAU.