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30 mars 2020 - Actualités

COVID-19 & valorisation agronomique des boues d’épuration.

Alors que la crise sanitaire bat son plein, le devenir des boues d’épuration est au cœur des préoccupations de nombreuses collectivités territoriales qui privilégient à 70% la valorisation agronomique. Un positionnement des autorités est d’autant plus urgent que la saison des épandages reprend en ce début de printemps, et que les stations d’épuration doivent soutirer rapidement leurs boues pour maintenir leurs performances de traitement.

L’ANSES a été saisie le 20 mars 2020 par les ministères MAA et MTES pour rendre un avis sur la valorisation agronomique des boues. Nous avons pu être destinataire de cet avis daté du 27 mars 2020, rendu dans l’urgence.

Celui-ci rappelle qu’actuellement la contamination des eaux usées par les selles des malades COVID-19 n’est pas avérée mais possible, que le virus, s’il est très contagieux, n’est a priori pas plus résistant qu’un autre et que les boues d’épuration ne sont pas un substrat particulièrement favorable au COVID-19. 

L’expertise de l’ANSES s’appuie donc sur les durées de vie et la résistance d’autres virus connus mais pas sur des mesures sur le COVID-19, trop récent.

Il est rappelé dans l'avis que l’hygiénisation résulte de 3 facteurs : 

  • La montée en température
  • Le pH
  • Le temps : à ce propos, on rappelle que la durée de séjour moyenne des eaux usées dans une station d’épuration de type boues actives en aération prolongée (procédé le plus classique en France) est d’environ 3 semaines, ce qui correspond à une durée pour laquelle la plupart des virus sont nettement abattus.

Pour l’ANSES, les procédés satisfaisant d’hygiénisation des boues sont : la digestion anaérobie thermophile, le séchage thermique, le chaulage et le compostage. La valorisation agronomique serait donc possible pour les boues ainsi hygiénisées moyennant un renforcement des suivis et contrôles :

  • "enregistrement du suivi des températures dans le cas de la digestion anaérobie thermophile et du séchage ;
  • enregistrement journalier du pH dans le cas du chaulage ;
  • enregistrement du suivi des températures et des retournements dans le cas du compostage ;
  • et, pour l’ensemble des traitements, doublement de la fréquence des analyses microbiologiques prévues à l’article 16 de l’arrêté du 8 janvier 1998 et notamment celle de la surveillance des coliformes thermotolérants (E. coli) ;
  • pour les travailleurs lors de l’intervention dans les STEU et pour les utilisateurs au moment de l’épandage : porter des EPI appropriés, mesures barrières (ex : lavage des mains, douche en fin d’activité) et un comportement rigoureux (ex procédure d’habillage/déshabillage)."

Cet avis doit être confirmé par les ministères MAA et MTES avant mise en œuvre: une circulaire est en cours de rédaction mais semble reprendre les grandes lignes de cet avis.

A noter que, s'il est plébiscité par cet avis, le compostage connait de son côté quelques inquiétudes suite à la fermeture de nombreuses déchetteries et la difficulté à se procurer des déchets verts, structurant indispensable au procédé. La situation évolue au jour le jour sur ce front.

Par ailleurs, si on s’en tient à l’avis de l’ANSES, les autres procédés (digestion aérobie mésophile et thermophile, digestion anaérobie mésophile….) n’apporteraient pas de garanties suffisantes et ne pourraient pas retourner au sol sans hygiénisation préalable (par exemple chaulage).

Les collectivités doivent donc trouver au plus vite des solutions alternatives.

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