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30 mars 2023 - Actualités

6ème rapport du GIEC : Un appel lancé aux décideurs publics

Le GIEC a publié son 6ème rapport synthétique à la mi-mars, accompagné d’un résumé pour les décideurs publics. Où en sommes-nous ? Comment agir pour atténuer nos émissions et quelles solutions sont proposées ? Comment nous adapter aux conséquences du changement climatique déjà présent ? Voici ce que nous vous proposons d’en retenir.

La crise climatique est déjà là

 

Le constat est sans appel, le changement climatique est « sans équivoque » provoqué par les activités humaines à travers les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Ils proviennent, historiquement et actuellement, de l’utilisation d’énergies fossiles, des terres, du changement d’usages des sols, de notre mode de vie, de notre consommation et des modes de production qui sont très inégalement répartis entre les pays, régions, collectivités mais aussi les individus. 

 

La température de réchauffement mondial est de 1,09°C sur 2021-2022 par rapport à 1850-1900 dont 1,59°C sur les terres émergées. 

 

L’atmosphère, l’océan, la cryosphère, et la biosphère ont changé et continuent de changer en affectant énormément la météo (comme on peut le voir avec le manque de pluies hivernales en France) mais également en intensifiant les extrêmes climatiques, ce qui provoque des dommages sur la population (ex : canicule) et la nature (ex : sécheresse).

 

Cette crise nous affecte tous

 

Selon les experts, nous sommes tous impactés car entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique, les exposant à des problèmes d’alimentation et au manque d’eau. 

 

Ces impacts sont inégalement répartis par rapport à la contribution au changement climatique. En effet, les communautés les plus affectées sont celles qui ont le moins contribué aux émissions et qui, étant les plus pauvres, ont le moins de moyens pour y faire face.

 

Mais plus globalement, le rapport évoque aussi l’importance des « pertes et dommages » causées par le changement climatique même directement dans les pays développés : dans les villes, sur les infrastructures, pour la biodiversité et les écosystèmes, pour la production agro-alimentaire ou encore la santé. Les interactions entre les risques climatiques et les risques non climatiques vont s’intensifier, rendant plus complexes la gestion des impacts climatiques. Exemple : le manque d’eau va impacter la production agricole, et donc l’alimentation et la santé ; ou encore les inondations, les glissements de terrain, le manque d’eau vont avoir de graves conséquences sur les personnes, les infrastructures et l’économie.

 

Un déficit d’adaptation et de réaction

 

Le rapport pointe des lois et des politiques d’atténuation encore insuffisantes d’une part. Étant probable que le réchauffement excédera les 1,5°C, il convient selon leur analyse de muscler les financements dédiés et d’accélérer l’adaptation à ces nouvelles conditions qui devient indispensable. 

 

D’autre part, les experts déplorent également le manque de moyen pour limiter ce changement climatique et éviter des effets plus graves encore. Le GIEC estime que les efforts actuels nous dirigent vers un réchauffement de 2,8°C, en dehors donc de l’objectif de 2°C de l’Accord de Paris.

 

Il faut agir vite et agir bien

 

Malgré certains changements qui apparaissent désormais comme inévitables, la limitation du changement climatique est encore possible. Il faut en effet noter que toute portion de degré de réchauffement peut provoquer des dommages irréversibles. (Voir sur ce point : La publication du CLUB STEP sur le coût de l’inaction qui démontre que l’action climatique coûte environ 1% du PIB alors que l’inaction coutera entre 5 et 20% du PIB)

 

Il faut atteindre la neutralité carbone le plus rapidement possible, estiment les experts. La quantité de GES émis sur cette décennie puis jusqu’à l’atteinte de la neutralité carbone déterminera le niveau de réchauffement pour les décennies et siècles à venir. Le rapport indique donc qu’il faut mettre en place « dès maintenant » des politiques de neutralité carbone dans tous les secteurs au cours de cette décennie.

 

A titre d’exemple, si nous utilisons l’ensemble des infrastructures d’énergies fossiles qui existent déjà, nous dépasserons les 1,5°C. Ceci sans parler des projets de futures exploitations d’énergies fossiles. L’éradication des énergies fossiles apparaît plus que jamais comme une nécessité.

 

Avec cette priorité numéro 1, le GIEC nous indique que nous avons une petite fenêtre d’opportunité pour agir à la fois sur ce point de la limitation du changement climatique et sur celui de l’adaptation aux nouvelles réalités. Pour ce faire, il faut combiner les 5 clés de réussite :

  • L’implication politique
  • La gouvernance partagée
  • La coopération internationale
  • Une gestion durable des écosystèmes
  • Le partage des diverses connaissances et stratégies.

 

La transition écologique des territoires prônée par AMORCE depuis sa création s’insère pleinement dans cette droite ligne. 

 

Premièrement, rejoignant les conclusions du rapport nous appelons à une augmentation massive et à une inscription dans la durée des financements dédiés aux politiques environnementales ainsi qu’à une mobilisation politique totale et à tous les échelons territoriaux.

 

Ensuite, nous plaidons pour une gouvernance et des responsabilités partagées entre les niveaux territoriaux et avec les acteurs privés (entreprises, citoyens, etc.) dans un pacte de confiance fort entre l’État, les collectivités locales et ces acteurs des territoires. Ce pacte de confiance doit permettre une gouvernance ouverte des projets mais suffisamment efficace et coordonnée et se baser sur des objectifs et des moyens (y compris financiers) clairement définis. 

 

Plus encore, les experts du GIEC appellent à la mise en œuvre dès maintenant des solutions disponibles et efficaces. AMORCE rejoint cette recommandation à bien des égards, des solutions de décarbonation existent dans les territoires et ne demandent qu’à être plus massivement employées : énergies renouvelables, énergie de récupération, réutilisation des eaux usées, etc. 

 

Elles donneront également des co-bénéfices particulièrement sur la santé et la qualité de l’air mais aussi sur l’emploi, le pouvoir d’achat et l’accès à une alimentation durable et saine. A l’inverse, tous délais dans leur mise en œuvre verrouilleront des infrastructures très émettrices de GES, augmenteront le risque d’actifs échoués et d’une escalade des coûts, réduiront la faisabilité et augmenteront les pertes et dommages.

 

Enfin, le groupe d’experts rappelle de veiller à ce que ces processus de transition se fassent dans une logique « d’inclusion, d’équité et de justice sociale », ce qui permettra de les rendre plus acceptables. AMORCE souligne également l’importance de cette acceptabilité sociale et économique des changements, cela est vrai en matière de signal prix, de tarification incitative, mais également concernant la concertation et la co-construction des projets. 

 

Dernier message pour les décideurs locaux des experts et que nous partageons : « la volonté politique permettra une action climatique efficace ». Nous restons donc pleinement mobilisés pour vous accompagner dans la mise en œuvre de cette volonté mais également relayer auprès des instances étatiques vos besoins en la matière. Nous appelons également à ce que le gouvernement se saisisse rapidement de ces recommandations pour accélérer la transition écologique dans les territoires.

 

Contacts : Aodrenn GIRARD & Joël RUFFY